Le rêve est le rêveur, suggère Catarina Miranda. L’artiste portugaise s’intéresse aux états de corps altérés, comme ceux qui se manifestent durant l’endormissement. Elle y puise la matière vibratoire de ce solo. Une envoûtante performance qui se déploie comme un nuage sur les motifs du rêve.
Dans les créations de Catarina Miranda, le corps est abordé en tant qu’instrument physique et sonore. Il induit une façon particulière de se mouvoir par écho ou résonance avec d’autres corps. Il permet notamment d’orchestrer le surprenant voyage physique et mental que représente Dream is the dreamer. Sur le plateau, un homme. Personnage solitaire, il semble s’opposer à la ligne d’horizon. Ses vêtements sont colorés. Quelques objets épars dont trois sacs poubelle le contemplent. Voilà qui sied au récit absurde qui l’emporte pendant que, mystérieusement, certains objets disparaissent. Cette fiction en volutes, celle du rêve dont il est le héros, est faite de multiples peaux. Pour la faire advenir, la rendre palpable, l’interprète utilise une gestuelle qui s’inspire du vocabulaire codifié du théâtre Nô japonais. Selon la chorégraphe, le recours à ce type de langage « permet de générer des situations par analogie et abstraction » C’est ainsi que l’artiste portugaise a choisi d’aborder l’écriture scénique et sa mise en relation avec toutes ses composantes : corps et sons, images, lumières, propos… Un fascinant travail plastique qui évolue au souffle des métamorphoses.