Description
Au début on ne voit rien. Concentrés, on écoute la musique qui plane dans le noir. Et puis nos yeux distinguent une forme. C’est un homme qui émerge de la brume. Il est vêtu de rouge et il tient dans ses mains une pagaie. Il s’appelle Cédric Charron. Ce danseur est l’unique interprète d’un solo signé par le belge Jan Fabre. Le chorégraphe, l’un des plus remuants de la scène européenne, excelle lorsqu’il se lance dans l’écriture de monologues. Dans ce texte percutant, conçu spécialement pour Cédric Charron mais dont l’inspiration est, à n’en pas douter, largement autobiographique, Jan Fabre s’adresse au père. Ce père est mort et c’est vers lui que va se rendre, geste après geste, mot après mot, l’homme en rouge. Paroles, danse, musique, brume qui envahit l’espace, ce voyage vers l’au-delà est d’une hypnotique beauté. « Père, attends » est la première phrase du fils qui s’apprête, seul sur un vaste plateau, à entamer un chemin où l’invective se mêle à la remémoration. Entre rites ancestraux, fatigue animale, suspension aérienne, douceur et sauvagerie, son trajet nous sidère et nous touche en plein cœur parce qu’il est le creuset de notre propre et folle envie que ressuscitent parfois nos fantômes aimés.
SPECTACLE présenté à l’Espace 110 dans le cadre de la Quinzaine de la danse du 10 au 28 mars 2020