Description
C’est une foule insolite : une quantité de petits sacs de toile, suspendus à leurs fils. À qui connaît, cela rappelle un stockage de marionnettes à fils, quand celles-ci ne sont pas au turbin. Dans le spectacle At the still point of the turning world – en français : Au point de quiétude du monde qui tournoie – ce dispositif mue en paysage abstrait. Au cœur de celui-ci, une véritable marionnette invente son envol, transportée par la chanteuse pop Sir Alice et sa cithare. Or ce paysage n’est pas mort, n’a rien d’inerte. Entre quiétude et inquiétude, cette foule de matière est capable de houles, d’ondulations et de soulèvements. Deux manipulateurs s’y meuvent. Dont une danseuse : Julie Nioche. Car enfin, on pourrait envisager la manipulation comme ce qui relie les choses ; non comme l’exercice d’un pouvoir unilatéral, univoque et hiérarchisé. L’objet renvoie quelque chose de sa force, de son mouvement, de son initiative, vers l’humain qui l’approche. La nouvelle pièce de Renaud Herbin distille une émouvante poésie de la relation dans l’élévation. Elle inspire de livrer la phrase de T. S. Eliot qui suit sa citation retenue en titre : « Ni dans la chair ni désincarné ; ni provenance ni visée, au point de quiétude c’est là qu’est la danse ».