Après les nombreux grands noms de l’art contemporain qu’il a voulu confronter à l’espace atypique et exigeant de la Halle Verrière, Stephan Balkenhol relève lui-même le défi de l’immensité du lieu.
Ses choix de programmation relèvent de la force de la sculpture au sens étymologique premier, celui qui désigne le geste fondateur du volume (tailler dans la matière brute). Ainsi s’oriente-t-il généralement vers des artistes capables d’appréhender le volume de leur production en fonction du volume d’exposition. A bien des égards, on retrouve ce rapport dans sa production propre.
Lorsqu’en 1982 l’artiste émerge grâce au choix de renouer avec une esthétique (voire une tradition) de la sculpture -celle de la statuaire et de la représentation du corps humain- délaissée depuis Giacometti, il se place volontairement à contre-courant de la pratique de ses contemporains. Sa méthode de travail consiste le plus souvent à tirer une figure (humaine ou animale, voire architecturale) de la masse de la matière, en l’occurrence le tronc de l’arbre -opérant l’indissociation de la sculpture et du socle- en un geste laissé volontairement grossier. L’artiste taille, hache, coupe, ne peaufine pas les courbes, ces gestes contribuant ainsi à humaniser et à personnifier l’oeuvre.
Ceci obtenu, il y adjoint de vives couleurs et provoque un contraste entre l’apparente austérité de la statue (telle que dans la tradition moyenâgeuse) et l’héritage acquis de l’art contemporain. Il en résulte des personnages aux postures stoïques, aux expressions laconiques, emblématiques, par l’ajout d’un détail symbolique (vestimentaire ou instrumental), de leur époque.