Description
Tout comme la prose peut se pratiquer sans le savoir, il n’est pas de chorégraphie qui ne mette en oeuvre les principes physiques fondamentaux que sont le poids, l’espace, la vitesse et la masse. Autre chose est d’en prendre toute conscience ; voire s’en saisir franchement comme pur enjeu d’un travail chorégraphique. Angelin Preljocaj compose de grands ballets narratifs contemporains, pleins de personnages et de situations. Mais ce chorégraphe inépuisable aime alterner avec des pièces d’exploration, touchant à des fondamentaux d’écriture, où il ressource sa puissance. C’est le cas de Gravité, créé à La Biennale de Lyon 2018 pour douze à quinze danseurs. Son titre l’indique : cette pièce expérimente les impacts corporels de différents degrés de gravité, sonde les formes de résistance de l’air, visite le nuancier des sensations de poids et se saisit de l’espace comme d’une matière fluctuante. N’allons pas imaginer que cette dimension d’étude débouche sur une austérité coupée du monde. Au contraire, il s’y joue la physique qui anime tous nos gestes, en lien avec les paramètres de l’univers. Notamment, dans cette pièce, chaque niveau de gravité testé sera combiné avec une musique dont le timbre, la structure, le rythme et la texture lui renverront écho.